Depuis la disparition de Steve Jobs en 2011, Apple a poursuivi une trajectoire technologique marquée par le raffinement de son design, l’intégration poussée entre matériel et logiciel… mais aussi par une complexité croissante des réparations et un verrouillage quasi total de son écosystème.
Une question revient souvent parmi les passionnés, les technophiles ou les défenseurs du droit à la réparation : « Et si Steve Jobs était encore vivant, qu’aurait-il pensé de tout ça ? » Aurait-il cautionné des MacBook toujours plus fins, toujours plus fermés, souvent irréparables ?
Aurait-il au contraire poussé vers une transition écologique profonde, avec des ordinateurs modulables, durables et conçus pour vivre dix ans ou plus ? Rien n’est certain mais certains indices permettent de spéculer avec nuance.
Sommaire :
Jobs, l’obsession du contrôle… et du design
Steve Jobs n’était pas exactement un chantre de la réparabilité. Dès les débuts du Macintosh en 1984, il refusait les ports d’expansion, pensant que l’utilisateur ne devait pas « ouvrir » sa machine. Pour lui, la technologie devait être un produit fini, fluide, presque magique.
Sous son impulsion, Apple a démocratisé des produits extrêmement bien conçus… mais aussi de plus en plus fermés. La transition vers des coques monoblocs en aluminium, la suppression des lecteurs optiques, puis la fusion entre composants et carte-mère ont commencé sous son règne. Même les batteries soudées sont apparues vers la fin de sa vie.
En ce sens, Steve Jobs était déjà l’artisan d’un Apple fermé. Mais il était aussi un perfectionniste, un visionnaire. Et il ne s’alignait pas nécessairement avec les logiques financières ou industrielles d’aujourd’hui.

Une Apple plus verrouillée que jamais
Depuis sa mort, Apple a poussé encore plus loin cette logique :
- Mémoire soudée, impossible à faire évoluer
- Stockage SSD intégré à la carte-mère
- Systèmes de verrouillage logiciel (comme le fameux « T2 chip » ou l’activation lock)
- Utilisation de vis propriétaires
- Blocage de pièces tierces, même authentiques, si non « reprogrammées » via un outil Apple
Certains MacBooks récents peuvent voir une caméra FaceTime désactivée ou un clavier non fonctionnel après une réparation sans outil propriétaire Apple (réservé aux centres agréés). On est bien loin du slogan des années 90 : « The computer for the rest of us. »
Et l’environnement dans tout ça ?
Officiellement, Apple revendique une empreinte écologique réduite : matériaux recyclés, neutralité carbone promise d’ici 2030, programmes de reprise… Mais dans les faits, la faible réparabilité des produits pousse à une consommation accélérée. Et ça, aucun bilan carbone ne peut vraiment le justifier.
En 2023, iFixit a attribué aux MacBook Pro une note de 2/10 en réparabilité. La firme parle même de « conception délibérée pour empêcher la réparation ». Si Steve Jobs avait été encore là, aurait-il cautionné cela ?
L’autre visage de Steve Jobs : un pragmatique visionnaire
Si Jobs était perfectionniste, il était aussi capable de pivots radicaux. Il a accepté l’App Store après l’avoir rejeté. Il a basculé vers Intel puis les processeurs Apple Silicon. Il a accepté d’ouvrir iTunes à Windows pour démocratiser l’iPod.
Autrement dit, Jobs savait s’adapter quand le marché ou la société l’imposait. Et aujourd’hui, l’époque change. Les consommateurs réclament des produits durables, réparables, responsables. Le right to repair (droit à la réparation) progresse. L’Europe légifère. L’image d’Apple pourrait souffrir de sa résistance à ces mouvements.
Peut-être qu’un Jobs vivant aurait senti le vent tourner.

Des MacBooks plus réparables ? Peut-être.
Imaginons un MacBook version 2025, sous Steve Jobs :
- Un châssis modulaire, où SSD et RAM sont remplaçables sans outillage complexe
- Une batterie extractible comme au temps des anciens MacBook Pro 2012
- Un écran réparable facilement sans colles industrielles
- Des pièces détachées disponibles via un Apple Store Pro, ou même des partenaires locaux
Steve aimait les expériences cohérentes. Il aurait sans doute conçu une solution maison élégante, mais sans fermer la porte aux réparateurs indépendants, comme Madmac Informatique à Paris par exemple — un acteur reconnu pour sa capacité à prolonger la vie des Mac, même quand Apple ne veut plus les voir.
D’ailleurs, si vous cherchez à faire réparer votre MacBook avec soin, sans devoir traverser le parcours du combattant des Apple Stores, Madmac Informatique reste une référence incontournable à Paris. Leurs techniciens redonnent vie à des modèles que Cupertino a jugés « obsolètes ».
Jobs, l’écologie et l’esthétique
Contrairement à Tim Cook, plus gestionnaire qu’inventeur, Steve Jobs avait un sens esthétique très marqué, mais aussi une forme de spiritualité. Influencé par le zen et le minimalisme, il aurait pu être sensible à la pollution générée par les cycles courts de produits jetables.
Un Mac durable, bien construit, au design intemporel, aurait pu être pour lui l’ultime expression du « Less is more ».
Le mythe Jobs, entre idéal et contradiction
Bien sûr, idéaliser Steve Jobs est risqué. Il était connu pour être autoritaire, exigeant à l’extrême, parfois méprisant envers les demandes « des utilisateurs ». Il n’a jamais été particulièrement transparent, ni démocratique dans ses choix. Mais il y avait une cohérence.
En revanche, aujourd’hui, Apple semble pilotée par des logiques financières plus que par une vision produit. L’innovation sert souvent à verrouiller davantage plutôt qu’à libérer l’utilisateur. Et c’est peut-être là que Jobs aurait pu jouer un rôle de contrepoids.

Le retour à l’esprit du début ?
Le rêve initial d’Apple était simple : « mettre la technologie au service de l’humain. » Aujourd’hui, certains utilisateurs ont le sentiment inverse : être au service d’un produit qu’ils ne peuvent ni réparer, ni modifier, ni conserver plus de quelques années.
Mais tout n’est pas perdu.
- Le mouvement du right to repair gagne du terrain
- Certains Mac redeviennent partiellement réparables (batterie non collée sur MacBook Air M2)
- Apple propose enfin des pièces détachées à l’achat… mais avec des conditions draconiennes
Peut-être que sous la pression, ou sous l’influence d’une figure comme Jobs, Apple aurait pu anticiper ce virage au lieu de le subir.
Conclusion : plus Jobs que jamais ?
Steve Jobs n’était pas un militant écologiste, ni un partisan de l’open source. Mais il était capable d’écouter, d’analyser, de trancher. Son obsession était le produit parfait, pas le produit rentable.
S’il était encore là aujourd’hui, aurait-il continué à fermer les MacBooks à double tour ? Ou aurait-il réinventé le Mac comme un objet d’art durable, modulaire et réparable ? Difficile de le savoir.
Mais une chose est sûre : la vraie innovation aujourd’hui ne passe plus seulement par la finesse, la vitesse ou le design. Elle passe aussi par la durabilité, la réparabilité, et le respect de l’utilisateur.
Et sur ce terrain-là, Jobs aurait peut-être encore eu une longueur d’avance.






