Vous avez sûrement déjà entendu des mots qui sonnent modernes, voire un peu étranges, et que vos grands-parents n’ont jamais prononcés. C’est normal, la langue française est un organisme vivant, elle évolue, s’adapte et invente. Et qui dit évolution, dit néologismes !
Mais qu’est-ce qu’un néologisme exactement ? Comment apparaissent-ils et pourquoi certains deviennent-ils incontournables, tandis que d’autres sombrent dans l’oubli ? Spoiler : « je plussoie » a bien failli ne jamais exister !
Sommaire :
Définition d’un néologisme : quand les mots naissent
Un néologisme, c’est tout simplement un mot ou une expression nouvellement créé(e). Il peut s’agir d’un mot totalement inventé (« googliser »), d’une adaptation d’un terme étranger (« spoiler »), ou encore d’un vieux mot remis au goût du jour avec un nouveau sens (« clasher »).
Le néologisme est le rebelle de la langue française : il débarque sans prévenir, casse les codes, et parfois s’impose si bien qu’il finit dans le dictionnaire.
Pourquoi invente-t-on des néologismes ?
Le besoin de nouvelles réalités appelle de nouveaux mots ! On ne pouvait pas « télétravailler » avant l’invention d’Internet, ni « binge-watcher » une série avant l’ère du streaming. Voici quelques raisons pour lesquelles notre langue donne naissance à ces petits nouveaux :
- Les nouvelles technologies 📱 (podcaster, tweeter, googliser)
- Les tendances sociales 🏡 (colocataire → coloc, flexitarien)
- L’influence des langues étrangères 🌍 (liker, ghoster, spammer)
- Les besoins d’abréviation ⚡ (POV, DM, LOL)
La néologie : l’art d’inventer des mots
Si un néologisme est un mot nouvellement créé ou adopté dans une langue, le phénomène qui permet cette évolution porte un nom : la néologie. Ce terme désigne l’ensemble des processus linguistiques qui conduisent à la création ou à l’acceptation de nouveaux mots dans l’usage courant.
Il existe plusieurs formes de néologie :
- La néologie de forme : quand on invente un mot totalement nouveau, comme climatosceptique ou ubérisation.
- La néologie de sens : un mot existant prend une nouvelle signification, comme troll, qui n’est plus seulement un monstre des légendes nordiques mais aussi un provocateur sur Internet.
- La néologie par emprunt : quand un mot étranger se glisse dans notre langue, comme swipe ou story.
- La néologie syntaxique : lorsque on crée une nouvelle construction grammaticale à partir d’un mot existant, comme plussoyer, dérivé de plus.
Ce phénomène est essentiel à la langue, car il lui permet de rester vivante et d’évoluer avec son époque. Les académiciens tentent parfois de canaliser cette créativité lexicale, mais soyons honnêtes… les francophones font bien ce qu’ils veulent !
20 exemples de néologismes devenus incontournables
Certaines inventions linguistiques ont connu un succès fulgurant. Voici quelques pépites qui ont su se faire une place dans notre quotidien :
1. « Je plussoie » – Quand un forum crée un verbe
Tout est parti d’un simple +1 sur les forums d’Internet pour signifier « j’approuve ». Il n’en fallait pas plus pour que les internautes décident de verbaliser cette pratique et créent plussoyer. Même si l’Académie française fait la grimace, ce verbe s’est imposé dans les discussions en ligne, et rares sont ceux qui remettent en question son existence.
2. « POV » – La perspective 2.0
Si vous traînez sur TikTok, vous avez forcément croisé POV (Point of View). Ce terme anglais, signifiant « point de vue », est utilisé pour introduire une scène vue à travers les yeux d’un personnage. Exemple : POV : Tu entres dans une boulangerie et tu sens l’odeur des croissants. Un néologisme qui s’est totalement intégré au langage des réseaux sociaux.
3. « Binge-watcher » – Le sport des séries-addicts
Avec Netflix et ses marathons de séries, le visionnage excessif a trouvé son mot : binge-watcher ! Inspiré du verbe anglais to binge (s’empiffrer), ce terme illustre parfaitement le phénomène qui consiste à enchaîner les épisodes sans interruption… et à se réveiller avec des cernes.
4. « Flexitarien » – Quand manger devient une équation
Ni végétarien, ni carnivore, mais quelque part entre les deux : le flexitarisme est une tendance alimentaire qui prône une réduction de la consommation de viande sans pour autant l’éliminer complètement. Ce mot hybride s’est imposé dans les conversations sur l’alimentation durable.
5. « Zapper » – Quand la télé influence le langage
Autrefois réservé aux changements de chaîne TV, le verbe « zapper » s’est élargi à toute forme de désintérêt rapide. Aujourd’hui, on « zappe » un film, une conversation, voire une personne. Une belle preuve que les néologismes évoluent avec notre mode de vie.
6. « Swiper » – L’amour en un geste
Depuis l’avènement des applications de rencontre, « swiper » est devenu un mot courant. Inspiré du verbe anglais to swipe (faire glisser), il désigne le fait de balayer vers la droite ou la gauche pour sélectionner (ou éliminer) un profil. Une simple action tactile qui a donné naissance à une nouvelle manière de parler des rencontres modernes.
7. « Dézoomer » – Voir les choses en plus grand
À l’ère des visioconférences et des photos numériques, « dézoomer » a naturellement émergé pour désigner l’action d’agrandir le champ de vision. Si l’Académie française rechigne à le reconnaître, personne ne s’interroge lorsqu’on nous dit de « dézoomer sur une image ».
8. « Like » – Quand l’approbation devient un clic
On ne dit plus « j’aime cette publication », mais « je lui mets un like« . Un emprunt direct à l’anglais qui est devenu si courant qu’il est parfois conjugué à la française : « J’ai liké ta photo ».
9. « DM » – L’art de glisser dans les messages privés
Abbreviation de Direct Message, « DM » est devenu un mot à part entière pour parler des messages privés sur les réseaux sociaux. Exemple typique : « Je t’envoie ça en DM ».
10. « Se ghoster » – Quand l’ombre remplace l’explication
Le « ghosting » (du verbe anglais to ghost, devenir un fantôme) désigne cette habitude moderne de couper toute communication du jour au lendemain sans explication. Plus besoin de dire « je l’ai ignoré », maintenant, on « ghoste » quelqu’un.
11. « Cliquer » – L’ère du numérique en un verbe
On ne presse plus un bouton, on « clique ». L’action la plus basique sur un ordinateur a donné naissance à un verbe incontournable qui s’emploie aussi au sens figuré : « Ce concept ne clique pas avec moi ».
12. « Troll » – Du mythe à la provocation en ligne
À l’origine, un « troll » désignait une créature malveillante des contes nordiques. Aujourd’hui, il s’agit surtout de quelqu’un qui poste volontairement des commentaires provocants sur Internet. On peut même dire qu’untel « trolle » lorsqu’il cherche à semer la discorde.
13. « Émoji » – Un sourire vaut mille mots
Ces petites icônes colorées qui illustrent nos messages ont même droit à leur propre nom : les émojis ! Ce mot d’origine japonaise s’est imposé pour désigner ces symboles devenus essentiels dans notre communication numérique.
14. « S’envoyer en l’air » – Sens revisité
Initialement une expression pour désigner le fait de voler en avion, ce néologisme a pris un virage… plus charnel. Aujourd’hui, « s’envoyer en l’air » signifie passer un bon moment sous la couette.
15. « Selfie » – L’autoportrait 2.0
Le bon vieux « autoportrait » fait bien fade face à « selfie », ce mot directement emprunté à l’anglais. Il désigne cette habitude quasi-universelle de se prendre en photo avec son smartphone, souvent sous un angle flatteur.
16. « Spam » – L’intrusion numérique
Si vous avez déjà reçu un mail douteux vous proposant un héritage venu du Nigeria, vous avez été victime de spam ! Un terme dérivé d’une vieille marque de pâté en boîte, qui désigne aujourd’hui les messages indésirables qui inondent nos boîtes mail.
17. « Influenceur » – Le métier des temps modernes
Qui aurait cru qu’un jour, une simple présence sur les réseaux sociaux suffirait à façonner des tendances ? L’influenceur est né avec l’essor des plateformes comme Instagram et TikTok, devenant un véritable métier du numérique.
18. « Hater » – Quand la haine devient un job à plein temps
Le mot « hater » (issu de l’anglais to hate, haïr) désigne ces personnes qui passent leur temps à critiquer et insulter sur Internet. Il existe même un dicton bien connu : « Haters gonna hate ».
19. « Story » – Le contenu éphémère qui dure
Un autre néologisme venu des réseaux sociaux : les stories, ces publications visibles pendant 24 heures avant de disparaître. Une révolution de la communication numérique, adoptée partout.
20. « Tiktoker » – Une nouvelle génération d’artistes
Dernier venu, « tiktoker » est le terme utilisé pour désigner les créateurs de contenu sur TikTok. Le mot s’est imposé aussi vite que l’application elle-même, et certains en font même leur métier !
Voilà, 20 néologismes qui façonnent notre langue, entre influences technologiques, culture Internet et nouveaux modes de vie. Un jour, certains seront peut-être aussi classiques que « ordinateur » ou « téléphone ». D’ici là, on continue d’inventer… et de plussoyer les meilleurs termes !
Tous les néologismes finissent-ils par entrer dans le dictionnaire ?
Pas du tout ! Beaucoup restent éphémères et disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus (souvenez-vous du « miniteliser »… ou pas). Pour qu’un néologisme soit officiellement reconnu, il doit être largement utilisé et stable dans le temps. Les lexicographes (les experts qui décident quels mots entrent dans les dictionnaires) observent donc leur usage avant de leur accorder une place aux côtés des termes plus anciens.
Certains mots comme « selfie », « télétravailler » ou « déconfinement » ont su s’imposer durablement, tandis que d’autres restent cantonnés aux cercles d’initiés.
Un langage en perpétuelle évolution…
Les néologismes sont la preuve vivante que la langue française n’est pas figée, mais en constante mutation. Et oui, le français est une langue vivante ! Ils naissent, grandissent, parfois disparaissent, et enrichissent notre manière de nous exprimer. Alors, que vous soyez du genre à « plussoyer » ou à « binge-watcher » en toute tranquillité, une chose est sûre : vous contribuez, sans le savoir, à façonner la langue de demain !