L’idée n’est pas nouvelle, et elle fait rêver de plus en plus de technophiles : s’affranchir totalement des banques traditionnelles, pour vivre uniquement avec des cryptomonnaies. E-ce réellement faisable au quotidien ? En clair, payer ses courses, recevoir son salaire et investir son épargne, ou même acheter un bien immobilier. Explorons dans cet article ce qui est possible – et ce qui ne l’est pas encore – pour une personne lambda.
Sommaire :
Payer ses dépenses quotidiennes avec une carte crypto
Imaginons pour commencer que vous ayez hérité d’un portefeuille crypto conséquent, d’un parent proche qui aurait investi tôt dans le Bitcoin et vous laisserait, entre autres héritiers, un legs significatif. Vous voilà avec des milliers d’euros en cryptomonnaies proches de leur ATH. Comment les dépenser au quotidien ? C’est là qu’interviennent les fameuses cartes crypto.
Le fonctionnement d’une carte crypto
Une carte crypto ressemble en tout point à votre carte bleue classique. Même format, même puce, même code PIN. La seule différence se cache dans les coulisses : quand vous payez votre baguette 1,20€, la carte puise dans votre solde crypto et le convertit instantanément en euros. Le boulanger reçoit des euros, vous avez dépensé des cryptos. Simple comme bonjour.
Pour obtenir une carte crypto, il faut d’abord ouvrir un compte chez l’émetteur. Il y a plusieurs options intéressantes sur le marché. Revolut, par exemple, banque britannique bien connue en France pour ses virements en devises pas chers. Elle propose sa carte crypto maison. Il y a également des plateformes d’échange crypto comme Coinbase et Binance, régulées en France, et qui proposent leurs propres cartes, Visa et/ou MasterCard, à côté de leurs services classiques d’achat et vente de cryptos.
La diversité d’acteurs proposant des cartes crypto
On peut également faire confiance aux portefeuilles crypto mobiles (sous forme d’application à télécharger pour votre appareil sous iOS ou Android). Plusieurs de ces applications proposent aussi depuis peu leur propre carte crypto. Même principe, à savoir une carte Visa ou MasterCard avec conversion d’ethereums, solana ou bitcoins en euros, puis paiement classique auprès des commerces du quotidien.
En clair, on a une application tout-en-un qui sert à la fois pour acheter des cryptos, les stocker sûrement, les revendre, et même accéder à des investissements crypto de la première heure, ce qu’on appelle couramment une prévente crypto.
Ce terme désigne l’achat de tokens avant leur lancement officiel auprès du grand public, à des prix souvent très avantageux. C’est l’équivalent crypto d’investir dans une start-up avant son introduction en bourse. Risqué, mais potentiellement très rentable pour ceux qui savent identifier les bons projets. Bon nombre de grandes fortunes crypto actuelles se sont construites en participant à des préventes : Marc Andreessen, Jed McCaleb, Chris Larsen et bien d’autres.

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Payer ses factures et son loyer
Si acheter un sandwich en crypto devient facile avec une carte, comment faire pour les prélèvements ? La plupart des propriétaires et fournisseurs (électricité, internet) n’acceptent en effet que les virements bancaires classiques. C’est là qu’un acteur Deblock fait beaucoup de bien aux cryptophiles.
Le fonctionnement d’une banque crypto
Cette start-up française, agréée par la Banque de France et l’Autorité des marchés financiers, offre le meilleur des deux mondes : d’une part un portefeuille crypto (vous gardez le contrôle total de vos fonds) ET d’autre part un IBAN français tout ce qu’il y a de plus classique. Concrètement, vous pouvez recevoir votre salaire sur l’IBAN, le convertir instantanément en crypto, puis reconvertir juste ce qu’il faut pour payer votre loyer. Le tout dans une seule application.
L’avantage majeur de Deblock tient à sa régulation. Votre argent en euros est garanti jusqu’à 100 000€, comme dans une banque classique. C’est cette fusion entre crypto et système traditionnel qui rend enfin possible une vie quasiment 100% crypto. Revolut propose une approche similaire avec son IBAN. Le choix dépend de votre philosophie : préférez-vous la simplicité (Revolut) ou le contrôle total (Deblock) ?
Attention à la fiscalité sur les allers-retours euro / crypto
Attention toutefois : chaque conversion crypto-euro reste un événement taxable. Si vous convertissez 1000€ de Bitcoin achetés 500€, vous devrez déclarer 500€ de plus-value. Un casse-tête comptable que certains résolvent en gardant leurs économies en stablecoins (USDC, USDT, EURC) pour éviter les fluctuations.

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Recevoir son salaire ou ses honoraires en crypto : rêve ou réalité ?
Quelques entreprises tech pionnières comme Bitwage ou Request facilitent la conversion automatique d’un salaire traditionnel en crypto. Mais soyons honnêtes, les obstacles sont nombreux. D’abord, il y a les obstacles légaux : dans beaucoup de pays comme la France, l’employeur doit verser un salaire minimum en monnaie légale.
Ensuite il y a les obstacles pratiques : comment gérer les cotisations sociales, la retraite, l’assurance maladie ? Sans parler de la volatilité qui peut transformer votre salaire de 2000€ en 1500€ du jour au lendemain.
Recevoir ses honoraires d’indépendant en cryptomonnaie
Les freelances s’en sortent mieux sur ce point. En effet, leur activité est à peu de choses près celle d’une entreprise. Pour eux, de nombreuses plateformes crypto permettent de facturer directement en USDC ou ETH. C’est particulièrement vrai dans les métiers liés au secteur Web3, celui de la crypto, où de nombreux français travaillent dans le développement logiciel, le design, le marketing.

Investir et épargner en crypto : le segment le plus mature
C’est paradoxalement dans l’investissement que vivre en crypto devient plus évident. Pourquoi ? Parce que contrairement aux paiements qui nécessitent une conversion vers l’euro, vos cryptos peuvent travailler directement pour vous sans jamais quitter la blockchain.
Revenons d’abord sur les bases. Investir en crypto, c’est d’abord détenir des actifs numériques dans l’espoir qu’ils prennent de la valeur. Le Bitcoin reste le placement de référence (l’or numérique), suivi par Ethereum. Mais au-delà de simplement “acheter et attendre”, l’écosystème crypto offre des opportunités uniques.
Prêter ses cryptos contre du rendement (le lending)
Prenez les stablecoins que vous utilisez pour vos dépenses courantes. Plutôt que de les laisser dormir, vous pouvez les prêter via des protocoles DeFi (finance décentralisée) comme Aave ou Compound. Le principe est simple : vous déposez vos USDC, d’autres utilisateurs les empruntent, et vous touchez des intérêts (3 à 5% annuels en moyenne). C’est comme un livret bancaire, mais avec de meilleurs rendements et accessible 24h/24.
Placer ses cryptos sur les projets émergents (les préventes crypto)
Pour diversifier, l’univers crypto propose des milliers de nouveaux projets prometteurs. Les altcoins (toutes les cryptos autres que Bitcoin) permettent de parier sur des technologies spécifiques. Les NFTs donnent accès à l’art numérique ou aux objets de collection. Plus récemment, des produits sophistiqués émergent comme des placements immobiliers en crypto dans certains pays pionniers comme les États-Unis et les Émirats arabes unis.
Le principal avantage est que tout reste dans l’écosystème crypto. Pas de paperasse, pas de conseiller bancaire, juste vous et vos décisions d’investissement. Mais attention : avec une grande liberté vient une grande lucidité. Ces placements restent risqués et nécessitent de bien comprendre où vous mettez votre argent.
Techniquement, vivre 100% crypto est donc possible pour quelqu’un de déterminé, technophile et prêt à faire des compromis. Mais pour monsieur et madame Tout-le-monde, nous n’y sommes pas encore. Les infrastructures se construisent, les mentalités évoluent, mais cela prendra encore quelques années.






